Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
31 octobre 2007 3 31 /10 /octobre /2007 17:45
LETTRE  D’ORGANISATIONS DE LA SOCIETE CIVILE 
AFRICAINE  ET 
EUROPEENNE 
AUX  CHEFS D’ÉTAT  ET  DE GOUVERNEMENT 
AFRICAINS  ET  
EUROPEENS
 
Votre Excellence,
 
Alors que vous vous préparez à rejoindre à Lisbonne les chefs d’Etat et de Gouvernement
de différents pays d’Europe et d’Afrique, nous, organisations humanitaires, groupes de
défense des droits de l'Homme et groupes de réflexion africains et européens, vous
demandons de placer la question du Darfour au premier plan de votre ordre du jour.
Nous pensons que le Sommet représente une opportunité unique pour les dirigeants
africains et européens de renouveler une position renforcée -et commune- au nom de la
population du Darfour.
A ce jour, l’Union africaine (UA) s'est mise en avant pour répondre à la crise du Darfour,
déployant une mission de l’UA au Darfour (AMIS) et prenant les devants dans la
médiation des pourparlers de paix à Abuja ainsi que dans le cadre des premiers pas vers
l’Accord de Paix pour le Darfour. De son côté, l’Union européenne (UE) a apporté un
soutien généreux à l’AMIS et au processus de paix au Darfour, acceptant récemment de
contribuer à assurer la sécurité des réfugiés du Darfour aux côtés du Gouvernement de la
République du Tchad.
La situation humanitaire et des droits de l’Homme au Darfour a atteint aujourd’hui un
tournant critique, dans un contexte politique et de sécurité profondément compliqué, et
alors que le déploiement d’une mission conjointe des Nations unies (ONU) et de l’UA est
dans une phase de négociation délicate. La situation au Darfour exige plus que jamais un
engagement fort et concerté de la part de la communauté internationale afin que les
efforts pour résoudre le conflit et pour assurer une protection élémentaire à la population
puissent porter leurs fruits.
L’UE et l’UA, avec leur relation institutionnelle privilégiée et leur passé de coopération
étroite sur les questions de paix et de sécurité, ont un rôle particulier à jouer. Pourtant,
nous sommes tous très préoccupés par le fait que, malgré l’urgence de la situation, la
question du Darfour n’apparaît pas à ce jour en tant que telle dans l’ordre du jour du
Sommet.
Nous vous exhortons à mettre cette question au premier plan de vos discussions et
préoccupations. Nous sommes convaincus qu’une position africaine et européenne solide
et coordonnée sur la question du Darfour pourrait faire une différence significative dans
quatre domaines clefs : la protection de la population civile ; la lutte conte l'impunité des
auteurs des graves violations des droits de l’Homme ; la promotion d’un processus de
paix inclusif et effectif focalisé sur le respect des droits de l’homme pour toute la
population du Darfour, et enfin l’assurance d’une réponse humanitaire adaptée.
Tout d’abord, l’UE et l’UA doivent travailler ensemble pour assurer le déploiement
rapide et efficace de la mission hybride Nations Unies – Union Africaine au Darfour
(UNAMID), comme demandé par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA et agréé
par le Conseil de sécurité de l’ONU au cours de cette année.
Le déploiement de l’UNAMID trouve précisément sa place à l’intérieur de la structure
générale de la collaboration UE-UA sur le maintien de la paix qui appelle à « un soutien
adéquat, cohérent et durable pour la mise en place et le bon fonctionnement de
l’Architecture de la Paix et de la Sécurité en Afrique […] de même que le financement
prévisible et flexible des opérations de paix dirigées par l’Afrique ». Le soutien logistique
et financier des Etats européens pour l’UNAMID doit faire partie de la mise en oeuvre de
cette stratégie. Le fait qu’un soutien militaire significatif ait déjà été proposé à
l’UNAMID est un signe encourageant de la part des Etats africains. Il demeure cependant
une série d’obstacles qui retardent ce déploiement, tels que le manque de personnel
habilité et d’équipement ainsi qu’un processus d’engagement avec le Gouvernement du
Soudan à l’arrêt.
Le succès de l’UNAMID dépendra directement de la responsabilité et de l'action des
troupes africaines. C’est pourquoi nous appelons les Gouvernements africains, en
particulier, à inciter le Soudan à coopérer pleinement avec l’ONU et l’UA pour garantir
un déploiement efficace et rapide de la force hybride. La date limite pour le transfert de la
direction des opérations de l’AMIS à l'UNAMID, fixée à octobre 2007, est déjà dépassée.
Les objections déraisonnables quant aux contributions des uns et des autres ne devraient
pas empêcher les soldats africains de recevoir le soutien nécessaire pour accomplir leur
mission fondamentale.
Deuxièmement, nous espérons que les dirigeants européens et africains utiliseront
leurs bons offices pour que le nouveau tour de pourparlers de paix mette bel et bien
au premier plan la protection des droits de l’Homme de toute la population du
Darfour, et inclue toutes les parties indispensables à la mise en place d’une paix
durable. Alors que la sécurité continue de se détériorer dans tout le Darfour, toutes les
parties devraient immédiatement s’engager à en finir avec les attaques visant la
population civile et accepter de se conformer à leurs obligations dans le cadre du droit
international humanitaire.
Troisièmement, la lutte contre l'impunité et la justice pour la population du Darfour
sont essentielles pour trouver une solution durable à la crise. Les dirigeants européens
et africains vont se rencontrer à Lisbonne à peine quelques jours après le rapport que doit
présenter le Procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI) sur les résultats de son
enquête au Darfour. Nous appelons les dirigeants africains et européens à exhorter le
Soudan à se conformer à ses obligations et à coopérer avec la Cour, en particulier au sujet
de l’arrestation et du transfert des deux individus pour lesquels la CPI a émis des mandats
d’arrêt. L’Union africaine ayant à coeur et comme objectif de combattre l’impunité des
crimes graves commis sur le continent, les États africains ont une obligation particulière
de garantir que les personnes identifiées par la CPI soient arrêtées et amenées devant la
justice.
En dernier lieu, nous exhortons les dirigeants européens et africains à reconnaître
les circonstances de plus en plus difficiles dans lesquelles le personnel humanitaire
s’efforce de répondre aux besoins de la population civile du Darfour. La sécurité au
Darfour s’est encore détériorée depuis le début de l’année 2007, le nombre d’attaques
ciblées à l'encontre du personnel et du matériel humanitaires ayant atteint son niveau le
plus élevé depuis le début du conflit. Par conséquent, la capacité d'action du personnel
humanitaire pour aider les populations sur le terrain n'a jamais été aussi limitée depuis
plus de trois ans, et la qualité de l’assistance fournie en souffre énormément. Ces
difficultés sont encore aggravées par l’expulsion arbitraire du Darfour de personnalités
centrales de la communauté humanitaire, et par les nombreux obstacles bureaucratiques
imposés par le Gouvernement du Soudan aux ONG internationales. L’UE et l’UA doivent
condamner clairement toute mesure visant à entraver ce soutien humanitaire fondamental
et donner priorité à une amélioration significative de l’accès des organisations
humanitaires aux populations du Darfour, sans quoi les conséquences pourraient devenir
encore plus catastrophiques.
Nous vous exhortons à faire de ce sommet de Lisbonne une occasion pour l’Europe et
l’Afrique de redoubler d’efforts afin de trouver une solution à la tragédie du Darfour.
Ignorer aujourd’hui cette situation reviendrait à tourner le dos au peuple du Darfour.
Veuillez agréer, Votre Excellence, l’expression de notre très haute considération.
 
Jean-Etienne de Linares
Délégué général
Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture
 
Magdalena Nagorska
Coordinatrice
Action Poland for Darfur
 
Dr James Smith
Directeur
Aegis Trust
 
Therese Niyondiko
Directrice
African Women's Development and Communication Network
 
Tawanda Hondora
Directeur adjoint du
Programme Afrique
Amnesty International
 
Aidan McQuade
Directeur
Anti-Slavery International
 
Ahmed Badawy Mahmoud
Directeur
Arab Programme for Human Rights Activists
 
Moataz el Fegiery
Directeur de programmes
Cairo Institute for Human Rights Studies
 
Bubu Vincente Dinis
Président
Cooperação de Famílias para Promoção o Desenvolvimentol
 
Piet Spaarman
Directeur du programme
aide et reconstruction
Cordaid
 
Captain Ibrar Ul-Haq
Chef de la direction
Crescent Life, Lifestyle Magazine
 
Haras Rafiq
Chef de la direction
Crescent Live, Net TV
 
Dr. Ali Dinar
Président
Darfur Alert Coalition
 
Abdelrhman M. Gasim
Directeur de l’aide juridique
et protection
Darfur Bar Association
 
Adeeb Yousif
Chargé de plaidoyer
Darfur Reconciliation and Development Organisation
 
Abdelbagi Jibril
Directeur
Darfur Relief and Documentation Centre
 
Abdul Jabbar Sharaf Adien
Adam
Président
Darfur Union, UK and Ireland
 
Tilman Zülch,
Président
Die Gesellschaft für Bedrohte Völker International
 
Alice Mogwe
Directrice
The Botswana Centre for Human Rights
 
Deuzoumbe Daniel
Passalet,
Président
Droits de l'Homme Sans Froniteres (Chad)
 
Don Deya
Chef de la direction
East Africa Law Society
 
Dr Margaret Hutchinson
Directrice
Education Centre for Women in Democracy
 
Olga Israel
Présidente
European Union of Jewish Students
 
Marceau Sivieude
Directeur programme
Afrique
Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme
 
P. Manuel Vaz Pato
Président
Fundação Gonçalo da Silveira
 
Dismas Nkunda
Co-Directeur
International Refugee Rights Initiative
 
Antonella Napoli
Présidente
Italians for Darfur
 
Dan Juma
Directeur
Kenyan Human Rights Commission
 
Benoit Van der Meerschen
Président
Ligue Des Droits De
l’Homme (Belgique)
 
Brahima Kone
Président
L'Union Interafricaine des Droits de l'Homme
 
Olatunde Makanju
Professeur
National Association of Seadogs
 
Kat Stark
Chargée du programme
Femmes
National Union of Students, GB
 
Roger Bouka Owoko
Directeur
Observatoire Congolais des Droits de l'Homme
 
Josef Reich
Fondateur
RettetDarfur.de
 
Abie Dithlake
Secretaire général
SADC Council of NGOs
 
Hashim Ahmed
Directeur
Sudan Organisation Against Torture (SOAT)
 
Adetokunbo Mumuni
Directeur
Socio-Economic Rights and Accountability Project
 
Monim Elgak
Coordinateur programmes
régionaux
Strategic Initiative for Women in the Horn of Africa
 
Irfan Chishti al-Azhari
Directeur
Sufi Muslim Council
 
Hillel Neuer
Directeur
UN Watch
 
Jenni Woolf
Chargé des campagnes
Union of Jewish Students, GB
 
Michael L. Davis
Directeur
Universal Human Rights Network
 
Louise Roland-Gosselin
Directrice
Waging Peace
 
Anne Mitaru-Mumina
Chargée de programmes
Women Direct
 
 
 
 
 
 
Partager cet article
Repost0

commentaires