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25 mai 2007 5 25 /05 /mai /2007 09:46
 
APPEL URGENT
Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture
Mardi 15 mai 2007
Appel urgent n°36
 
Côte d’Ivoire
L’affaire Guy-André KIEFFER : un crime d'Etat
intervenir avant le 4 juin 2007
Il y a trois ans, le 16 avril 2004, Guy-André Kieffer (GAK), journaliste indépendant, a été enlevé en plein centre d’Abidjan sur le parking d’un supermarché par un commando. Il avait rendez-vous avec Michel Legré, beau-frère de Simone Gbagbo, épouse du Président Laurent Gbagbo. Depuis ce jour, GAK n’a plus donné aucun signe de vie. On peut craindre qu’il ait été vraisemblablement exécuté dans la foulée de son enlèvement.
Du fait de ses investigations sur les détournements de l’argent du cacao, GAK perturbait le système d’enrichissement personnel de plusieurs hauts dignitaires du régime en place. L’enquête judiciaire menée par les juges français, Patrick Ramael et Emmanuelle Ducos, depuis trois ans, se heurte à un certain nombre de blocages du fait des autorités ivoiriennes et du manque de pression de la diplomatie française. Les autorités françaises craignent sans doute que cette affaire ne vienne davantage compliquer les relations tumultueuses entre la France et la Côte d’Ivoire
Mobilisons-nous pour que ce crime d’Etat ne soit pas étouffé. Demandons à Nicolas Sarkozy, nouveau Président de la République, de s’engager personnellement auprès de la famille Kieffer pour faire enfin émerger la vérité dans cette affaire. Demandons-lui également de faire pression sur les autorités ivoiriennes pour que les juges français puissent enfin entendre les témoins clés de ce crime d’Etat.


> Un journaliste qui dérangeaitGuy-Andre-Kieffer-1.jpg

Guy-André Kieffer
Journaliste
Marié
Deux enfants
Enlevé à Abidjan le 16 avril 2004 
Aucun signe de vie depuis
Guy-André Kieffer (GAK), 54 ans au moment de son enlèvement, est marié et père de deux enfants. Journaliste économique, spécialiste des matières premières, GAK prend, en 2002, un congé sabbatique pour se rendre en Côte d'Ivoire, à la demande du président Gbagbo, qui souhaitait lui confier une mission d'audit de la filière cacao dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial. Cette mission, au sein du cabinet Commodities Corporate Consulting (CCC), prend fin prématurément, au bout de quelques mois, après la découverte de malversations considérables affectant la filière. Plutôt que de renoncer à ses investigations, et malgré les premières menaces qui se font jour, GAK décide de poursuivre l'enquête en qualité de journaliste indépendant. Il produit alors, jusqu'au jour de son enlèvement, de nombreux articles bien renseignés et très critiques sur : l’argent du cacao, les finances de la Côte d’Ivoire, le financement occulte des armes dans ce pays, l’enrichissement personnel des hauts dignitaires du régime ivoirien ; articles qu'il publie dans la presse ivoirienne sous des pseudonymes divers ou dans La lettre du Continent, revue française spécialiste de l'Afrique. Ces enquêtes lui valent de nombreuses inimitiés dans les milieux d'affaires franco-ivoiriens et au sein même du gouvernement ivoirien. Il est menacé d'expulsion, puis rapidement menacé de mort.
 
L’enquête judiciaire a démarré en mai 2004 à la suite des plaintes pour enlèvement et séquestration déposées simultanément par la famille de GAK, le syndicat SNJ-CGT et par Reporters sans Frontières (RSF) devant les autorités judiciaires françaises et ivoiriennes. En France, elle est conduite par les juges d’instruction Patrick Ramael et Emmanuelle Ducos. Depuis mai 2004, ils se sont rendus à Abidjan à huit reprises. Leurs investigations ont permis de mettre rapidement en lumière le rôle de Michel Legré, beau-frère du président Laurent Gbagbo, dans cet enlèvement. Ce dernier a servi d’appât pour attirer GAK dans le piège qui lui a été tendu le 16 avril 2004. Legré a donné les noms des présumés commanditaires de cet enlèvement (qui sont tous des proches du couple présidentiel et du ministre de l’économie Paul Bohoun Bouabré et de son directeur de cabinet, Aubert Zohoré). Legré a également livré les noms des exécutants ayant participé à l’enlèvement (militaires rattachés à Mme Gbagbo), dont curieusement la plupart ont disparu dans la nature. La justice ivoirienne a inculpé Michel Legré de complicité « d’enlèvement, séquestration et assassinat » et l’a incarcéré à la maison d’arrêt d’Abidjan le 28 mai 2004. Le 21 octobre 2004, le juge Ramael l’a mis en examen pour « enlèvement et séquestration » et le 13 décembre 2004, il a demandé que Legré soit remis à la justice française afin de l’interroger à Paris. Cette demande de « remise temporaire » est parvenue aux autorités ivoiriennes au printemps 2005, mais aucune suite n’a été donnée par laprésidence ivoirienne. Le 28 octobre 2005, Michel Legré, après être revenu sur ses aveux, a été remis en liberté provisoire par la justice ivoirienne. Aujourd’hui, les juges français ont sur leur bureau une liste de témoins qu’ils souhaiteraient entendre. Malgré des demandes répétées, ils n’ont pas pu avoir accès à ces personnes en Côte d’Ivoire. Les autorités ivoiriennes font blocage. Les autorités françaises, elles, s’en désintéressent. Malgré les bonnes paroles des successifs ministres des Affaires étrangères, la France ne s’est jamais réellement mobilisée pour GAK comme elle a su le faire efficacement pour ses confrères Christian Chesnot, Georges Malbrunot et Florence Aubenas. L’opinion publique française s’est peu mobilisée. GAK était journaliste indépendant, il n’avait pas derrière lui des rédactions puissantes et cela a sans doute desservi la médiatisation de cette affaire.
Le mur de silence et d’impunité dressé par la présidence ivoirienne autour des présumés commanditaires et exécutants de l’enlèvement de GAK, n’a toutefois pas empêché les juges français d’établir le scénario qui aurait conduit à son élimination. Les enquêtes du journaliste franco-canadien perturbaient le système d’enrichissement personnel de plusieurs hauts dignitaires du régime en place, qui lui-même repose sur un pillage organisé des finances publiques. L’ordre d’éliminer GAK est venu de très haut. Il a été enlevé puis aurait été exécuté par un commando d’Ivoiriens, dont cinq membres ont été identifiés. Il s’agit de cinq militaires basés à Akouédo au moment des faits : Zoua Toh Dorgelès, Vionhou Tiburce, Glouh Bognan Donatien, Zaomon Jean Roland, Yoro Doni. La rumeur court à Abidjan que ces personnes auraient été retrouvées criblées de balles début septembre 2006 prés de l'aéroport d'Abidjan. 
 

Lettre à :
 
Monsieur le Président de la République
Palais de l'Elysée
55, rue du faubourg Saint-Honoré - 75008  Paris
Copies à :
 
Monsieur le Ministre des Affaires étrangères
Ministère des Affaires étrangères
37 quai d’Orsay – 75007 Paris
Monsieur l’Ambassadeur de France
Ambassade de France en Côte d’Ivoire
17 BP, 175 rue Lecoeur, Abidjan 17, Côte d’Ivoire
Fax : 00.225.20.20.04.81
Ci-joint une proposition de lettre, que vous pouvez adresser telle quelle, datée et signée, sans oublier vos nom et adresse, ou réécrite à votre manière, par fax ou gratuitement sous voie postale au Président de la République et à 0’60 euros pour la France et 0,85 euros pour la Côte d’Ivoire.


Monsieur Nicolas Sarkozy
Président de la République
Palais de l'Elysée
55, rue du faubourg Saint-Honoré
75008  Paris
 
 
Monsieur le Président,
Membre de l’ACAT-France, je suis gravement préoccupé(e) par le manque d’avancement dans l’enquête sur l’enlèvement du journaliste indépendant Guy-André Kieffer, disparu à Abidjan en Côte d’Ivoire, le 16 avril 2004.
La justice française a ouvert une enquête sur cette disparition en mai 2004. A huit reprises les juges d’instruction chargés de cette affaire se sont rendus à Abidjan. Aujourd'hui, l’enquête judiciaire piétine du fait des blocages des autorités ivoiriennes et n’avancera pas sans une forte impulsion politique des autorités françaises.
Nouvellement élu Président de la République, et puisque « ensemble tout devient possible », je vous demande de vous engager auprès de la famille Kieffer pour faire enfin émerger la vérité dans cette affaire.
Je vous demande également d’intercéder auprès des autorités ivoiriennes pour permettre aux juges français d’entendre les témoins clés de ce crime d’Etat.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma considération distinguée.
 
 
 
 
L'ACAT-France est membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme auprès du Premier ministre, et de la Fédération internationale de l'ACAT (qui a statut consultatif auprès des Nations unies, du Conseil de l'Europe et de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples).
 

 

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