RD Congo
Violences et répressions
Entre le 28 février et le 8 mars 2008, des affrontements entre des membres de Bundu Dia Kongo (BDK), mouvement politico-mystique, et des policiers ont fait au moins 27 morts dans plusieurs localités de la province du Bas-Congo, située dans le sud-ouest de la République démocratique du Congo (RDC).
Le bilan pourrait être cependant plus lourd. Selon la société civile, il pourrait y avoir plus d'une centaine de morts.
Selon plusieurs témoignages, les violences ont débuté à Luozi lorsque les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogènes avant d'ouvrir le feu sur des membres de BDK qui tentaient de s'attaquer à des bâtiments publics et aux symboles de l'Etat. La police avait renforcé sa présence à Luozi, mi-février 2008, après que trois civils aient été brûlés vifs par des inconnus présentés comme des adeptes de BDK. En raison de ces violences, la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) a renforcé sa présence au Bas-Congo avec le déploiement de plus de 200 militaires et policiers.
La situation d'insécurité tend à se généraliser au Bas-Congo avec les actes de désobéissance civique et de violences (meurtres, tortures) posés par des adeptes de BDK, ainsi que par l'usage répété et disproportionné de la répression par les autorités, comme seule réponse aux problèmes de la province. Exécutions sommaires, arrestations, tortures, extorsions ... Les personnes soupçonnées d'être des partisans de BDK sont réprimées de manière indiscriminée.
Seule une solution politique pourra résoudre la crise au Bas-Congo durablement. La répression à outrance risque au contraire de conduire à la naissance d'une rébellion régionale, mêlant les mécontents et les incompris des pays avoisinants : adeptes de BDK, ex-rebelles « ninjas » du Congo et rebelles du FLEC au Cabinda (Angola).
... en abrégé
Le Bundu Dia Kongo (BDK)
Le Bundu Dia Kongo (BDK) - « Royaume du Kongo » - très implanté dans le Bas-Congo, se considère comme un mouvement socio-politico-culturel. Formé à la fin des années 50, le BDK s'est fixé comme objectif d'assurer l'émancipation de la culture congolaise traditionnelle et de prôner la restauration de l'ex-royaume Kongo, qui comprenait l'actuel Bas-Congo, une partie de l'Angola, du Congo voisin et du Gabon.
Le BDK est considéré par les autorités congolaises comme un groupe d'opposition mystique sécessionniste. Il est accusé de remettre systématiquement en cause l'autorité de l'Etat, de s'attaquer à ses représentants (policiers notamment) et symboles (destruction de drapeaux) et d'interdire l'hymne national dans les écoles.
Le BDK, allié à l'opposition, dénonce, depuis janvier 2007, des fraudes électorales lors des sénatoriales de fin 2006. Il dénonce également un partage non équitable des ressources de la région, la seule productrice de pétrole en République Démocratique du Congo (RDC).
L'ampleur du phénomène BDK est analysé par les autorités comme une réponse des populations face aux problèmes socio-économiques de la province (extrême pauvreté découlant du chômage des jeunes) et également du fait de l'insuffisance de la présence de l'Etat et de ses forces de l'ordre.
La province du Bas-Congo génère plus d'un tiers du budget national (pétrole extrait à Moanda, trafic portuaire de Matadi, production électrique à Inga). Pourtant, elle reste fortement sous-développée du fait que les revenus générés sont utilisés ailleurs par le gouvernement central.
Violences passées au Bas-Congo
Fin janvier 2007, des troubles éclatent à Matadi, Kinzau-Mvuete, Boma, Muanda, Tshela, Mbanza-Ngungu, Kimpese, Kisantu, Kasangulu et Luozi entre les adeptes de BDK et les forces de l'ordre, à la suite de l'intervention et de la perquisition du siège de BDK par la police, à la veille d'une manifestation annoncée pour protester contre les résultats de l'élection sénatoriale. Plus de cent personnes soupçonnées d'être des partisans de BDK sont tuées par balles ; 10 membres des forces de sécurité sont assassinés.
Les enquêtes menées par les autorités sur ces événements n'ont jamais livré leur secret. En dehors de sanctions légères décidées contre de petits fonctionnaires, les commanditaires et les auteurs de ce qui est perçu par la population locale comme un authentique massacre, n'ont jamais été inquiétés.
Par contre, des poursuites ont été entamées à l'encontre de plusieurs membres du BDK.
La MONUC enquête
Le 12 mars 2008, M. Alan Doss, le chef de la MONUC, a annoncé que « la Monuc enquêtera sur les allégations de violations des droits de l'Homme qui ont pu être commises » au Bas-Congo. Il a sollicité la coopération des autorités congolaises ainsi que celle des responsables de BDK « pour le bon déroulement de l'enquête ».
Le chef de la MONUC a demandé aux responsables de BDK « d'éviter de diffuser des messages xénophobes et s'abstenir de toute violence » et a mis en garde les autorités congolaises contre un usage excessif de la force pour rétablir l'autorité de l'Etat au Bas-Congo : « Le Conseil de sécurité a toujours insisté sur le maintien de l'autorité de l'Etat et l'intégrité territoriale de la RDC. Néanmoins, nous attirons l'attention des autorités sur la nécessité d'éviter un usage excessif de la force qui risque d'aggraver la situation ».
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Textes internationaux
La RDC a ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention contre la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Dernières interventions concernant ce pays
Cet Appel urgent est le premier concernant la RDC depuis le début de l'année 2008.
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RD Congo
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[32 cours Albert 1er, 75008 Paris - Fax : 01.45.62.16.52]
- et/ou à la Mission permanente de la RDC auprès des Nations unies
[18 avenue de Budé, 1202 Genève, Suisse - Fax : 00.41.22.740.16.82]
S.E.M Joseph KABILA KABANGE
Président de la République
Cabinet du Président de la République
Palais de la Nation
Kinshasa / Gombe
République Démocratique du Congo
Monsieur le Président,
Alerté(e) par l'ACAT-France, je suis vivement préoccupé(e) par la situation des droits de l'homme dans la province du Bas-Congo.
Fin février 2008 de nouveaux heurts entre les forces de l'ordre et des membres du Bundu Dia Kongo ont causé la mort de plusieurs dizaines de personnes. En janvier 2007, les violences ayant occasionné la mort de plus de 100 personnes du fait d'un usage disproportionné de la force par la police et l'armée, étaient restées impunies.
Même s'il est légitime et nécessaire de rétablir l'autorité de l'Etat dans cette province, rien ne justifie l'usage excessif de la force et l'absence de poursuites contre les forces de l'ordre ayant commis des crimes.
Pour mettre un terme à l'escalade de la violence, je vous appelle donc à :
- exhorter les forces de l'ordre à respecter le principe de proportionnalité;
- exhorter la justice à traduire tous les auteurs et responsables des violences, y compris les membres des forces de l'ordre;
- coopérer pleinement avec la commission d'enquête mise sur pied par la MONUC.
Enfin je vous demande de promouvoir le dialogue afin de trouver des solutions durables et pacifiques à la crise que traverse le Bas-Congo.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma haute considération.
L'ACAT-France appartient à la Fédération internationale de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (FIACAT) ayant statut consultatif auprès des Nations Unies, du Conseil de l'Europe, et de la Commission Africaine des droits de l'Homme et des Peuples.